Rencontre avec Gérard Rabinovitch

      Philosophie, Sociologie, Littérature, Histoire et Humanisme s’invitent au Lycée Georges-de-la-Tour …

Décembre 2018

      A l’initiative de Mme Véronique Taciak, directrice de l’atelier Canopé et des enseignantes de philosophie du Lycée Georges de la Tour, nous avons eu l’honneur de rencontrer M. Gérard Rabinovitch, philosophe et sociologue, venu tout spécialement de Paris afin de présenter son nouvel ouvrage Leçons sur la Shoah,aux élèves de terminales ES et L.

      Rabinovitch amorce ce sujet douloureux en exhumant les prémices de ce désastre historique et humain. Ainsi, son intervention sur la Shoah n’est pas un compte rendu historique classique, mais une réflexion sur la manière de “raconter l’Histoire“, les mécanismes qui ont permis son déroulement et les questions qu’elle pose encore… Débute alors un long travail de linguiste : comment signifier l’innommable ? Génocide, holocauste, Shoah, solution finale, hourbane ? Quels sont les mots justes pour penser et illustrer la destruction d’un peuple ? Choix difficile si on considère que les mots- on le sait- vont très vite rester les seuls témoins d’une barbarie méthodiquement orchestrée …

       Le penseur déterre les haines millénaires, les préjugés persistants, les bouleversements sociaux et économiques, les mœurs en pleine mutation qui vont engendrer peu à peu la machine nazie, apogée d’un monde qui déraisonne en toute logique. Pour se faire, il illustre le mépris du faible, la banalité du mal, cette recherche obsessionnelle du bouc-émissaire, en évoquant avec pudeur sa position de fils de déporté, son propre rapport à la spiritualité, la tradition juive, la culpabilité du survivant, ses lectures personnelles et surtout sa posture de « citoyen du monde ».  

       Seuls le devoir de mémoire, la transmission et l’instruction peuvent empêcher d’autres drames historiques, mais il reste beaucoup à faire comme en témoigne l’antisémitisme toujours palpable, le racisme, le sexisme, le terrorisme qui menace la paix et fait planer le spectre de l’éternel retour. Mais rien n’est soumis à la fatalité, nous dit M. Rabinovitch. Cette rencontre, fait partie de celles qui élèvent l’âme et l’esprit, nous retiendrons beaucoup de cet après-midi, et en particulier cette dernière phrase, lancée d’une voix forte et claire : « C’est notre combat ! »

R.Remiatte G.Mouillet