Pour préparer la dissertation des concours aux écoles de commerce, les étudiants d’ECE 2 se penchent cette année sur la mémoire: comment fonctionne-t-elle ? Existe-t-il une ou plusieurs mémoires ? Pourquoi oublions-nous ? Que deviennent un homme et une société privés de mémoire ?
La musique est un vecteur très spécifique de la mémoire humaine : elle accompagne toute une vie, se transmet de générations en générations et naît parfois du désir de se souvenir.
Tel est le cas du fascinant Requiem de Mozart, que nous avons pu écouter à L’Arsenal le 6 octobre dernier dans une superbe interprétation dirigée par David Reiland.
Mozart lui-même s’est inspiré de la longue tradition du requiem, œuvre composée pour accompagner le deuil et rappeler les liens entre les vivants et les défunts dans la liturgie catholique. Mais le célèbre compositeur est mort avant d’achever son Requiem en ré mineur qui a été complété par ses proches et est ainsi devenu un objet mémoriel en hommage à Mozart lui-même.
La transmission de cette œuvre musicale et mémorielle se perpétue encore aujourd’hui car, non seulement le Requiem de Mozart est une des œuvres les plus souvent interprétées par les artistes contemporains, mais en outre un grand compositeur actuel, Fabrizio Cassol, s’est penché à son tour sur la partition inachevée de Mozart pour lui rendre hommage tout en créant son propre Requiem pour L. Les notes de Mozart se mêlent ainsi au jazz et aux rythmes des musiques africaines, le latin fait écho au lingala et au swahili que l’on parle en Afrique de l’Est, tandis que l’euphonium s’accorde avec l’accordéon, la guitare électrique et le likembe, le piano à pouce africain.
Fabrizio Cassol et le metteur en scène Alain Platel nous transmettent une mémoire musicale métissée et vivante pour nous rappeler le souvenir des défunts. Ainsi, depuis le spectacle du 1er février à l’Arsenal, les chants, les musiques et les images du Requiem pour L nous trottent dans la tête et font partie de nos souvenirs pour un long moment.