Répétition, répercussions
L’exposition intitulée «La répétition» sera inaugurée le 03 février 2023 au Centre-Pompidou Metz. Eric de Chassey, commissaire de cette exposition, éclaire ce concept central en rappelant que dans bien des cas, la création artistique repose sur le principe de répétition, processus pluriel et souvent structurant, voire nécessaire. Car si la répétition a pu parfois passer pour un appauvrissement traduisant une déliquescence de la capacité d’invention, incapable d’aller au-delà du stade de la simple copie et du respect des traditions, elle prend dans les œuvres d’art contemporaines une tout autre signification. Elle devient alors non plus un moyen, mais une fin en soi ; à partir du XXème siècle, elle se présente même comme un procédé revendiqué, gage d’une liberté, laboratoire de possibles transformations. Ce qui est valable dans le domaine de la peinture, de la photographie et de la sculpture se retrouve en musique et en littérature, puisque la répétition est une figure majeure du discours : elle se manifeste notamment dans les phénomènes de reprise et de réécriture, qui présentent un intérêt évident, dans la pratique comme dans les discours théoriques.
Les différentes formes de répétition convoquent ainsi des exemples connus de la littérature universelle : Beckett et le théâtre de l’absurde, Proust et ses paperolles, Flaubert et son gueuloir, Stein, Pascoli, mais aussi des philosophes comme Freud, Nietzsche, Schopenhauer et Deleuze, qui ont montré le rôle primordial de la répétition dans la création humaine. Car, si la répétition est certes un trope présent dès les débuts de la rhétorique et de l’art oratoire (anaphores, parallélismes, accumulations…), elle s’impose comme une figure majeure de la pensée, de l’écriture et de la théorie. Loin d’être une contrainte, elle est en mesure d’offrir un espace de liberté, que l’on peut étudier en cours au détour de la pratique du commentaire et de la traduction, mais aussi plus largement dans le domaine des sciences humaines (les répétitions de l’Histoire, le thème de l’éternel retour en philosophie…). Le motif de la répétition se prête donc particulièrement à une approche interdisciplinaire.
Au-delà de ce seul aspect théorique, nous (toutes deux enseignantes en classes préparatoires littéraires) avons songé mettre en pratique une approche éducative et culturelle offrant à nos étudiants une expérience sensible plus concrète : nous leur proposons de s’engager activement dans la médiation culturelle dans le cadre de l’exposition La Répétition. Il nous a semblé, après deux ans de mise entre parenthèses de la vie culturelle, nécessaire de renouer des liens avec les lieux de culture. Nous avons donc repris contact avec Anne Oster (chargée des relations avec les établissements de l’enseignement au Centre Pompidou Metz) qui a répondu avec générosité à notre proposition de partenariat voire de convention.
En faisant en écho aux œuvres exposées, par le biais de lectures, de mises en scène de saynètes, ou plus largement d’explications en interaction directe avec un public extérieur, le rôle de médiateur les placera dans une perspective active. Le partage d’un projet commun orienté vers des échéances concrètes ne manquera probablement pas d’insuffler une dynamique de groupe en mettant en valeur les talents de chacun, comme la lecture, l’écriture, le chant, le jeu théâtral, l’art de la traduction…
Le projet de médiation culturelle autour de « La Répétition » s’enrichira par ailleurs de visites guidées gratuites pour les étudiants au sein du Centre Pompidou Metz ainsi que de conférences (notamment celle du chef d’orchestre Jacques Mercier sur le thème de la répétition en musique) pour faire entrer en résonance les différents avatars de la répétition, ancrant bel et bien ce projet à la croisée des divers arts et des pratiques culturelles. La répétition est ainsi riche en répercussions.
Chaque enseignant peut alors s’impliquer auprès des étudiants s’il le souhaite, en proposant ponctuellement une réflexion autour d’un texte, quelle que soit sa nature, poétique, philosophique, ou historique; l’enjeu serait ici d’éditer un florilège de textes à l’intention de tous. Le projet trouvera son point d’orgue le 13 mai 2023, à l’occasion de la Nuit Européenne des Musées, une opportunité exceptionnelle offerte à nos étudiants par le Centre Pompidou Metz, puisqu’elle leur permettra de se frotter à un vrai public, de partager leurs réalisations et de révéler leurs talents en contribuant au rayonnement du Lycée Georges de La Tour. Précisons enfin que cette démarche s’adresse non seulement aux étudiants de CPGE littéraire, mais aussi à l’ensemble de la communauté éducative.
Nadège Wolff et M.E.Zarini